L'Accord de Coopération judiciare condamne à jamais les 103 enfants tchadiens.
La décision rendue hier par le tribunal criminel de N'djamena sur l'affaire des 103 enfants raflés et en partance clandestinement pour la France afin d'y être écoulés comme de la marchandise, est sur le plan juridique une très grande avancée, car malgré les pressions politiques exercées sur les magistrats, journalistes et même sur la population, les magistrats tchadiens ont tenu bon.
Le Joker de l'accord de coopération judiciaire.
Mais, quelle est donc sa valeur, son efficacité confrontée à la réalité de l' accord de coopération judiciaire, que la France, dès les premiers instants a abattu comme "joker" pour extraire les malfrats de l'arche de Zoé des griffes de la justice tchadienne. Il faut préciser une chose: il n'y a pas automacité dans son application comme les médias et politiques hexagonaux vendent l'argument à l'opinion internationale.
Le Tchad a la possibilité d'étudier la demande de transfèrement et d'y opposer son refus. En ce moment la décision rendue aura un sens et peut servir de leçon, car un transfèrement dans le contexte qui est celui de la France et du Tchad, est synonyme de désavoeu de la justice tchadienne; car la peine de travaux forcés pour ne prendre que cet argument, n'étant pas prévue dans l'éventail des lois françaises, les inculpés verront leurs peines adoucies voire ils peuvent être acquittés si la justice française l'estime ainsi. Vous ajoutez à cet argument, le sentiment de condescendance du politique français à l'endroit de la justice tchadienne; nous pensons aux propos des personnes comme Patrick Devedjian et les propos de Me Collard.
Idriss Déby a t-il les moyens d'opposer son refus à cette demande qui, sachant qu'ils sont couverts par le "joker", les inculpés (l'attitude méprisante et les propos désobligeants d'Eric Bréteau) et leurs avocats n'avaient de cesse de bomber le torse, de narguer les familles des victimes et tout le peuple africain devant les caméras de télévision.
Le procès de Zoé se sera plus déroulé sur la scène politique que juridique finalement malgré les apparences. Nicolas Sarkozy, en Zorro qui va d'abord chercher quelques individus de cette échappée comme il qualifie lui même le crime en promettant la liberté aux autres, le temps de distraire la galerie par une parodie.
Pressions en tout genre sur les magistrats tchadiens pour empêcher la tenue du procès, puis un procès dont on connait d'avance l'issue, un ersatz de procès finalement, car la sanction n'aura qu'un rôle symbolique. Demain d'autres individus venus de France, peuvent aller non plus voler des enfants, mais les assassiner ils auront l'assurance que l'accord de coopération judiciaire viendra à leur rescousse. D'ailleurs on constate cette impunité dans le cas des enfants tués par les coureurs du Rallye Paris-Dakar.
Une décision qui adoucit les cœurs.
In fine on peut dire que cette décision est une décision qui va adoucir les cœurs dans les deux sens mais en ne pas tenant compte des traumatismes des enfants et de leurs familles. Les familles des inculpés sont soulagées, les leurs reviennent; les stratèges de ce grand cirque pensent de l'autre côté avoir adouci et calmé la colère et l'incompréhension des populations tchadiennes et toute l'opinion africaine choquées par ce rapt à ciel ouvert par une condamnation que l'on peut d'ores et déjà qualifier de "virtuelle", car tout est à parier qu'une fois en France, les "humanitaires" de l'arche de Zoé seront des héros et qui a l'idée de ridiculiser un héros et l'envoyer croupir en prison surtout qu'il allait sauver des vie africaines ? Car quitte à enfreindre la loi, lorsqu'il s'agit d'aller sauver l'africain, tous les moyens sont bons. Les familles d'accueil qui ne seront jamais inculpées de complicités dans ce rapt etc.... Seuls condamnés de cette histoire, les 103 enfants, qui ne comprendront jamais qu'ils ont servi de valeur ajustable dans nos calculs d'adultes.
Ainsi vont les rapports dans la Françafrique, cette françafrique sans moralité aucune, dans laquelle les intérêts priment sur le droit des individus.