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MBOA
27 février 2009

L’AFRIQUE face à elle-même !

43906b

Et si les victimes des exactions belges au Congo se déclaraient ?

La Belgique qui souhaite rapidement juger Hissène Habré serait plus crédible et digne, si elle s’offusquait de la même manière et exigeait avec la même verve, que les responsables belges soient jugés en Afrique ou ailleurs pour les exactions commises par ce pays au Congo, nous pensons aussi à l’assassinat de Lumumba Patrice. Nous rappelons ici que le Belge Gérard Soete (81 ans aujourd’hui) a avoué avoir dissout dans de l’acide, le corps du leader congolais avec la bénédiction de son pays la Belgique.
Mais le point d’orgue de cette affaire est de redonner un peu de crédibilité aux pouvoirs africains. Les dirigeants africains dont l’une des caractéristiques est de ne pas être l’émanation du choix du peuple et par conséquent usent de la répression pour asseoir leur autorité sont face à l’Histoire. Et ils ne pourront y rentrer que s’ils se décident à laisser juger Hissène Habré sans l’intervention de l’Europe. Mais laisser juger Hissène Habré n’est-il pas ouvrir la porte à son propre jugement ? Telle est l’équation à résoudre pour des dictateurs, pris au piège de leur jeu de soumission et complicités nocives pour le compte de leurs comptes en banques.

Cette Belgique qui aujourd’hui presse le Sénégal, comme d’autres pays européens, doit des comptes aux africains sur un tas de choses dont des affaires de crimes.
Mais les dirigeants africains, bras armés des puissances industrielles européennes pourront-ils cet exercice d’équilibrisme de haute voltige en toute franchise sans fragiliser leurs strapontins présidentiels ? En n’ont-ils le courage seulement ? Durs instants de réflexion dans les palais africains. Comment juger un des leurs sans se projeter dans l’optique de se voir juger ?

Il est de bon aloi, en Afrique d’avoir recours aux bons offices de l’Europe pour régler les problèmes internes qui se posent aux africains et dont les solutions ne devraient pourtant venir que des seuls africains ; comme cette persistante tendance occidentale qui consiste à s’ingérer dans les affaires africaines sans crier garde. De même qu’il est de bon ton, pour les africains de montrer une outrageante aboulie lorsqu’il s’agit de réclamer des comptes à cette même Europe qui ne lui fait pas que du bien et encore, pendant que cette dernière s’emploie à dissimuler et couvrir d’une chape de plombs ses exactions en Afrique pour éviter de répondre de ces actes. Rappelons une fois de plus, cette vérité que nous refusons pour certains d’admettre, celle que Achille Mbémbé décline par : « L’Afrique se sauvera par ses propres forces ou elle périra. Personne ne la sauvera à sa place, et c’est bien ainsi. » Les bras armés des puissances occidentales en Afrique devront se rendre à l’évidence un jour ou l’autre.

Que Hissène Habré soit jugé pour des crimes qu’il a commis, cela ne souffre pour un esprit logique, d’aucun doute. Tout comme cette même logique n’autorise aucun angélisme quant à la volonté des dirigeants ou certains dirigeants africains à voir l’ex président tchadien être jugé et condamné pour ses forfaits. Et la raison en est simple, Hissène Habré à côté de certains serait même un Ange. Donc le voir condamner c’est accepter se condamner. Mais ce dont il est question est, si l’Afrique n’a-t-elle pas le droit, ou des arguments valables et recevables pour, comme le fait la Belgique, poser les mêmes exigences vis-à-vis des ex dirigeants ou dirigeants actuels européens, impliqués dans des crimes et exactions qui ont touchés des africains en Afrique ou ailleurs ? Pourquoi ceux des africains qui mettent en avant la dignité de l’Afrique à faire juger Hissène Habré, ne mettent-ils pas le même entrain à exiger des comptes aux dirigeants européens impliqués dans des crimes commis sur des africains ? Que nenni ! Les peuples africains sont condamnés par les fourvoiements tous azimuts des dirigeants africains qui les poussent à ne rien pouvoir exiger des puissances européennes dont les dirigeants seraient également de très bons candidats aux tribunaux pénaux internationaux. Mais la raison du plus fort à raison de la souffrance des victimes par le truchement des compromissions multiples.

On peut, à juste titre d’ailleurs, fort de ce qui précède que le pouvoir sénégalais, en se montrant « frileux » pour emprunter l’expression aux défenseurs du procès de Hissène Habré par la justice belge, se protège lui-même et pose définitivement une idée qui suit lentement mais surement son chemin en Afrique, l’impunité des dirigeants africains. Nous avouons ici ne pas connaître les raisons qui motivent le pouvoir sénégalais à adopter la posture qui lui est aujourd’hui reprochée ; exiger la totalité des sommes pour la tenue du procès au Sénégal. Mais il faut plutôt regretter l’attitude de l’U.A à ne pas s’impliquer davantage dans ce dossier. Espérons que le nouveau président de cette entité saura surfer entre l’indépendance de l’Afrique et les exigences de plus de justice et de respect pour le peule, préalables d’une Afrique qui pourra sans complexes, demander des comptes à l’Europe. Car la Belgique, dont certaines victimes ou familles de victimes de Hissène Habré sont devenues ressortissants entretemps, avec l’aide de l’U.E, pourra se saisir de l’affaire pour une fois de plus ridiculiser l’Afrique toute entière, parce que ses dirigeants se seraient montrés incapables. On l’a vu avec le Rwanda, où la France était juge et partie, pendant que la Belgique accusait sa voisine pourtant.

Une affaire qui devrait servir à l’U.A face aux injonctions et exigences de la Belgique, et très souvent de l’U.E dès qu’il s’agit du continent, de faire valoir ses droits dans des affaires de crimes dont on sait qu’il n’existe plus prescription en la matière.
Nous pensons à l’assassinat Lumumba Patrice dont l’ancien commissaire Gérard Soete a avoué noyer le corps dans l’acide avec la bénédiction de ses dirigeants. Faire place à la vérité sur l’assassinat de Thomas Sankara et les complicités des uns et des autres, Le génocide rwandais pour ne citer que celles-là.

Tant que les dirigeants africains dont on sait que se confronter à tel exercice : juger un des leurs sans avoir l’impression d’assister à leur futur jugement, est se tirer une balle dans le pied, car synonyme de perte de leurs privilèges, ne se résoudront pas à faire de la lumière dans des affaires qui ternissent l’image des africains alors l’Afrique restera l’objet de risée. Mais seulement, malgré leurs roublardises, ils resteront somme toute eux-aussi, des proies faciles pour les tribunaux pénaux internationaux qui se sont spécialisés pour juger les africains et certains hommes avec peu d’influences. Services rendus ou pas ! Le cas Saddam Hussein doit le leur rappeler.

Le procès de Hissène Habré est une occasion pour les dirigeants africains de rentrer dans l’histoire et ouvrir les portes de l’indépendance à une Afrique muselée par les puissances occidentales avec les complicités africaines. Ces dirigeants ont avec cette affaire l’occasion de construire à l’image de ce que rappelait le président Obama lors de son discours d’investiture « sachez que vos peuples vous jugeront sur ce que vous pouvez construire, pas détruire. »

Source: CamerounLink ici

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Commentaires
K
Bonjour, <br /> <br /> Encore un excellent article publié sur ce blog que je prends beaucoup de plaisir à lire à chaque fois que j'y fait un petit tour.<br /> En effet, ce blog aborde les "questions crutiales" qui concernent l'évolution de l'Afrique Contemporaine, notamment ses rapports de pouvoir, de domination avec l'occident (composé d'anciennes puissances coloniales).<br /> Il est vrai que si les dirigeants africains souhaitent gagner en crédibilité en jugeant des "dictateurs" sur leur propre continent... ils doivent déjà eux-mêmes par cesser d'agir en dictateurs. Mais, le chemin sera long et semé d'embûches, cependant, ce n'est pas une raison pour baisser les bras, il faut continuer à se battre pour la dignité du continent africain.<br /> Keyshia
B
Passionné par les billets que publie Mboa ici et là, j'ai eu la tristesse de remarquer que ces derniers temps sa toile n'est pas actualisée. Peinerie d'informations ou manque de volonté personnelle? je ne peux me fier à cette hypothèse tant l'actualité demeure en abondance: des dérapages d'Arthur ESSEBAG au mandat d'arrêt international à l'encontre d'EL Béchir, il m'est difficile de comprendre que Mboagila reste silencieux.Mais que lui est-il arrivé? A t-il été arrêté pour incitation à la haine raciale? A t-il troqué sa plûme contre un poste de responsabilité que lui aurait confié les petits princes de paris de gauche comme de droite dans le sacro-saint but d'acheter son silence? Serait-il en Afrique ou dans les DOM-TOM pour rendre visite à sa famille? A t-il abandonné tout simplement son combat pour causes de représailles? Tant d'interrogations qui traversent mon esprit. Dans tous les cas, d'où vous êtes, Monsieur mboagila, recevez mes salutations.
B
Bonjour Mboa,<br /> Content de te relire en cette nouvelle année. Reçois mes voeux de santé et d'excellente vision sur les questions qui touchent à l'intégrité de l'Afrique et des Africains.<br /> Je rejoins ton agrément pour que sieur Habré soit jugé. Mais où et par qui sera t-il jugé? La C.P.I n'a plus de crédibilité car elle est perçue comme un tribunal pour juger les faibles. Un tribunal africain pour juger Hissein Habré devrait s'armer d'autonomie , d'indépendance et faire preuve de non-compassion devant les crimes qu'il a commis.<br /> Je préfère que Habré soit jugé en Afrique comme BOKASSA l'a été en Centrafrique avant que le jugement céleste ne le rattrappe.<br /> Mes sautations
MBOA
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