JUSQUE QUAND LA MORT VIENDRA AU SECOURS DES AFRICAINS ?
La mort de Lansana Conté vient confirmer une habitude
fortement africaine qui voudrait que, pour se débarrasser de leurs
dictateurs, bras armés des puissances occidentales en Afrique, les
populations africaines sont obligées de se remettre aux bonnes grâce de
dame nature. Ainsi en a été avec Mobutu, Houphouët Boigny, Eyadema père
et maintenant le président guinéen vient grossir le rang de ces gens
qui s’accaparent, confisquent et s’attachent au pouvoir comme le lierre
à la muraille.
A l’exception de quelques pays dont le Bénin, le Sénégal ou encore
le Mali, et L’Afrique du Sud, le Ghana et quelques autres, la
confiscation du pouvoir par des séniles d’une délinquance certaine et
avérée est devenue la norme, tout comme leur éviction du pouvoir par la
mort via la maladie est une constante.
Se refugiant derrière un argument éculé et qui n’est pas une vérité
universelle qui pose l’identification vieillesse égale sagesse, les
puissances occidentales dont le but est s’assurer l’approvisionnement
en matières premières et le pillage systémique des ressources, ont
réussi à créer des reflexes irrécurables d’accaparation de pouvoir chez
les africains. Une synonymie qui, si elle a été vérifiée par le passé,
ne l’est plus depuis fort longtemps au du moins ne s’applique pas dans
le champ politique. Loin d’être des sages, les vieux africains qui
s’agrippent au pouvoir tant bien que mal, brillent, ont fait et font
montre d’un talent sans comparable à défier toutes les lois de la
sagesse. Le désamour que leurs populations leur témoignent étant la
marque de cette offense à la sagesse qu’on leur attribue à tort par une
flagornerie sans bornes mais combien efficace de leurs maîtres.
La gloutonnerie, le manque de vision, la servilité à toute épreuve
et au dessus de tout, la capacité à desservir les intérêts de leur pays
sont les critères, les attributs de ces gens qui pourtant président aux
destinées des leurs. La gestion de la chose publique se confondant à la
gestion du bien privé.
Lorsqu’un pays doit se remettre aux bons services de la nature pour
le débarrasser d’un dirigeant sangsue comme le sont la plupart de ceux
qui sont à la tête des pays africains, ne se pose t-il pas la question
de l’intégrité de ceux qui abusivement on appelle intellectuels ou
élites ? Ne se pose t-il pas le problème de leur responsabilité face à
l’inertie du peuple ? Quand un peuple n’est plus capable de s’indigner
des exactions du prince, lorsqu’il est résolu c’est que ses élites, ses
intellectuels ont failli, ont trahi. Ils ont failli à leur mission
d’éclaireurs, ils ont trahi par ce silence qui les rend complices.
Si la grande majorité des intellectuels n’était pas à l’image des
dirigeants, l’exercice de la démocratie ne serait pas un luxe. Voter
serait en même temps un devoir et un droit pour chaque citoyen et
cesserait d’être une faveur du prince à ses sujets comme c’est le cas
aujourd’hui au Cameroun, Gabon, Congo, Togo etc. La voix du peuple par
les urnes ne serait pas écrasée, ni réprimée. L’indignation du peuple
pourrait se transformer en révolte et destituer le prince, si les
intellectuels dans leur majorité avaient contribué à éduquer les
masses, à les instruire à leur apprendre que l’honneur ne se négocie
pas, ne se quémande pas mais s’arrache.
C’est d’ailleurs pour cette raison que l’opposition politique en
Afrique n’a aucune valeur effective. Les chefs des partis d’opposition
n’ayant pour seul programme majeur que, faire partir le prince pour
prendre la place et reprendre les mêmes exactions. Lorsque le prince
est difficile à faire partir, on se fourvoie, on fait la courbette, on
mange avec lui en cachette et en public on gesticule et on envoie à la
mort des milliers de gens incrédules mais qui ont foi à la capacité de
leur chef à apporter du renouveau. Les plus courageux de ces chefs
d’opposition vont voir le Maitre du prince, on ne sait jamais.
En Afrique aujourd’hui, en tout opposant, repose un futur dictateur
prêt à reprendre le bâton de répression, de pillage du bien public dans
le seul but de se faire une place au soleil. On ne peut pas être
opposant et pactiser avec ceux qui tuent votre peuple sous prétexte de
la mondialisation ou de la Realpolitik.
Source: http://www.camerounlink.net/fr/experts.php?nid=43352&pid=2208